Dans cet article, nous nous sommes intéressés aux courants parasites, également appelés courants vagabonds. Nous avons contacté Ludivine PERRACHON, conseillère vaches laitières et petits ruminants au GDS 71, pour en savoir plus.
Les courants parasites, c’est quoi ?
Ludivine nous explique que ces courants vagabonds sont des courants électriques en général de faible intensité, qui se propagent dans des milieux et matériaux conducteurs (sols humides, tubulaires, lactoducs, eau…) alors qu’ils ne devraient pas. Ils peuvent avoir plusieurs origines :
– soit une fuite d’un appareil électrique avec un défaut d’isolation,
– soit une perte sur le réseau électrique à proximité du bâtiment,
– soit une décharge électrostatique (accumulation suite à des frottements)
– soit, il peut être induit par un champ magnétique ou un champ électrique (généré par différents types d’installation, comme une antenne d’identification, une ligne ferroviaire…).
Logiquement les courants parasites devraient rejoindre la terre si toute l’installation électrique et les structures métalliques sont correctement reliées à la terre et que les liaisons équipotentielles* sont correctes (*En électricité, l’équipotentielle est l’ensemble des conducteurs électriques soumis à la même tension électrique, et ne possédant donc pas de différence de potentiel électrique). En élevage il faudrait avoir des prises de terre à au moins 10 ohms, et c’est rarement le cas. Dans de telles situations, les courants électriques étant fainéant vont suivre le chemin où la valeur de résistance, c’est-à-dire la valeur en ohm est la plus faible et circuler dans les matériaux conducteurs qui peuvent être en contact avec les animaux (abreuvoirs, tubulaires…).
Pourquoi t’es-tu intéressée au sujet ?
Je me suis intéressée aux courants parasites après avoir vu lors de mes visites en élevage, des vaches boire comme le ferait un chien, en lapant. Un vétérinaire avait expliqué que les vaches étaient plus sensibles que l’Homme aux courants électriques, j’ai donc cherché à en savoir un peu plus sur le sujet pour comprendre la réaction des animaux d’élevage et trouver des pistes d’amélioration.
Quelles incidences en élevage ?
Les perturbations électriques peuvent se traduire sur les animaux par des troubles du comportement : vaches ou chèvres qui entrent difficilement en salle de traite, comportements agités, des animaux qui « lapent » l’eau, ou qui évitent certaines zones du bâtiment, des logettes inoccupées…Parfois, des problèmes de santé sont imputés à ces perturbations (cellules, mammites, fertilité perturbée…) car les courants parasites génèrent un stress sur les animaux et donc une baisse d’immunité, ou tout simplement des vaches qui ne donnent pas « tout le lait ».
Il faut savoir que la résistance du corps humain varie selon les situations entre 1 000 et 5 000 ohms, alors que celle d’une vache se situe entre 500 et 700 ohms. De plus, les vaches ont le museau humide, quatre pattes qui reposent souvent sur un sol humide et n’ont pas de bottes en caoutchouc ! Donc on peut comprendre leur sensibilité.
A titre d’exemple, lorsqu’un courant circule dans les tubulaires avec une intensité de 2 mA à 6 mA cela génère un stress modéré à sévère pour la vache (lever de pied, tétanisation des muscles,…) selon si le sol est humide ou pas.
Description de cas concrets et solutions mises en place.
- Un éleveur avait des bêtes qui ne se couchaient plus dans une partie du bâtiment, il ne comprenait pas pourquoi. L’éleveur avait installé une clôture électrique pour empêcher les vaches de se rendre vers la fumière. La clôture électrique induisait un courant dans les tubulaires des logettes. Cette clôture a été remplacée par des barrières, les vaches ont réintégré les logettes le jour même.
- Un éleveur avait un taux de fécondité non satisfaisant sur ses génisses depuis plusieurs années. Des courants étaient présents dans les abreuvoirs. Nous avons résolu le problème en déplaçant le poste de clôture électrique de l’intérieur à l’extérieur du bâtiment, et en reliant les abreuvoirs à la terre. L’année suivant les génisses ont rempli correctement.
- Un problème de vaches qui ne rentraient pas en salle de traite, après avoir refait les liaisons équipotentielles en salle de traite et mis la salle de traite à la terre le problème était résolu.
Pour les techniciens qui souhaiteraient se former, quel parcours de formation leur conseilles-tu ?
Le CROCIT Bretagne propose une formation « le diagnostic protection électrique du bloc traite », il faudrait la développer sur le « bâtiment d’élevage ». Ils font des diagnostics depuis 2006, ils doivent avoir une bonne expérience sur les courants parasites et peut-être donner des recommandations qui ne sont pas toujours faciles à trouver.
Si comme Ludivine, vous souhaitez en connaitre davantage sur les courants parasites, une formation au sein du réseau Farago est envisageable à partir de 8 stagiaires. (voir le doc joint) CROCIT FORMATION COURANT PARASITE
Vos demandes relatives aux formations sont à adresser à formation@faragofrance.fr.
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