Entretien avec Didier Guérin (Farago Creuse)
D’où vient le frelon asiatique ?
Il a fait son apparition en 2004 dans le sud de la France. Son nom scientifique est Vespa velutina. Comme son nom l’indique, il vient d’Asie. On le trouve dans le Nord de l’Inde, en Chine ou dans les montages d’Indonésie. Il semble qu’il soit arrivé en France caché dans des poteries chinoises déposées dans le Lot-et-Garonne à Tonneins.
Carte : distribution de Vespa velutina au 2 février 2018
Le trouve-t-on partout en France ? Peut-on parler d’espèce invasive ?
Oui, il s’est acclimaté à la France et a colonisé depuis 2004 une grande partie du territoire. Il s’agit d’un nuisible très invasif et destructeur.
Cycle biologique du Vespa velutina
Le cycle de vie du frelon asiatique s’étale sur une année. Une reine fonde sa colonie au printemps. Des premiers œufs naissent des femelles qui seront les ouvrières. Elles vont progressivement permettre à la reine de se consacrer uniquement à la ponte. A la fin de l’été, commence la production des premiers mâles et des futures reines. Le nid peut alors abriter plusieurs milliers d’individus : on estime ce chiffre à plus de 10 000 pour les plus grosses colonies. À titre de comparaison, un nid de frelons d’Europe abrite quelques centaines d’individus.
Pour quelles espèces est-il nuisible voire dangereux ?
Un prédateur majeur pour les abeilles
Sa prolifération a un impact important sur les ruchers. Comment procède-t-il ?
Le frelon asiatique est une espèce diurne qui, contrairement au frelon d’Europe, interrompt toute activité à la tombée de la nuit. Il se nourrit de fruits mûrs et capture différents insectes pour nourrir les larves.
En vol stationnaire à une vingtaine de centimètres de l’entrée de la ruche, une ouvrière de Vespa velutina succède régulièrement à une autre pour capturer les butineuses qui reviennent chargées de pollen. Le frelon tue l’abeille, la dépèce et ramène le thorax au nid.
La conformation des ruches permet de réduire la pénétration des frelons. La prédation se limite alors aux abeilles adultes, mais leur présence insistante, parfois en grand nombre (15 à 20), devant les ruches stresse les abeilles, réduisant leurs sorties, ce qui limite les récoltes de nectar et de pollen à un moment où les abeilles élèvent leurs dernières ouvrières de l’année et font leur réserve. En cas d’affaiblissement de la ruche, les frelons finissent par y pénétrer et la détruisent.
Des risques limités pour l’homme
En France, tous les observateurs s’accordent sur le fait que le frelon asiatique n’est pas agressif et qu’il est possible d’observer son nid à 4 ou 5 m de distance sans risque. Les rares personnes piquées l’ont été en tentant de détruire un nid ou en touchant une ouvrière par inadvertance.
La piqûre, si elle est douloureuse, n’est pas plus dangereuse que celle d’une guêpe ou d’une abeille. Il faut toutefois demeurer extrêmement prudent face aux très gros nids installés dans les arbres. Lorsque l’on s’approche à moins de 5 m d’un nid de frelon, plus la colonie qu’il renferme est importante et plus les risques sont grands de subir l’attaque d’un essaim d’ouvrières.
Quels sont les moyens de lutte efficaces ?
Le piégeage individuel peu efficace
Le piégeage printanier des femelles fondatrices est inutile voire contreproductif. Elles sont très nombreuses et le printemps est la période où la mortalité des fondatrices de frelons comme de guêpes est la plus élevée, en grande partie du fait de la compétition intervenant entre individus d’une même espèce.
La destruction des nids, une solution radicale réellement efficace
Si vous êtes un particulier et que vous découvrez un nid, ne prenez pas l’initiative de le détruire par vos propres moyens.
La méthode la plus efficace reste la destruction des colonies par des techniciens Farago formés aux méthodes de lutte contre les frelons asiatiques, frelons communs ou les guêpes. Les techniciens disposent de matériel spécifique pouvant atteindre les nids jusqu’à 30 mètres de hauteur en toute sécurité.
Depuis le 26 décembre 2012, le frelon asiatique (Vespa velutina) est classé dans la liste des dangers sanitaires de deuxième catégorie pour l’abeille domestique (Apis mellifera) en France. Si vous observez des nids, signalez-le à votre mairie qui prendra les mesures qui s’imposent et vous indiquera si des mesures de lutte collective sont instaurées sur son périmètre.